Engrenages

L'appel de la cité

C’est l’appel de la cité qui m’a un jour envoûté
Et qui m’a fait m’éloigner de la campagne où je suis né
Pour travailler à la ville, ma famille j’ai dû quitter
C’est comme ma nature tranquille qui ne tient plus que du passé

Un mariage contre-nature, entre la chair et l’acier
Parqué entre tout ces murs qui me retiennent prisonnier
Je ne sais pas c’que je fous là, c’est aussi triste que dommage
Car comme se font rares les emplois, je vis d’assurance-chômage

Mais on s’habitue à la ville, je crois même qu’elle sécurise
C’est d’une façon subtile qu’elle exerce son emprise
On s’habitue aux boulevards qu’on fréquente le soir tard
Aux salles de jeux et aux bars, animés de toutes parts

Dans cette atmosphère enfumée, où je m’efforce d’exister
S’échangent des regards sirupeux, prescrits par des commerces douteux
Et flotte encore sous les néons l’odeur âcre de la déception
Les plaisirs interdits auront toujours un goût de perdition

Sur les terrains vagues comme dans les ruelles humides
Partout où je divague je me heurte au vide
De la marque urbaine de cette cité maudite
Métropole inhumaine où tout se passe trop vite

Mais je l’aime malgré tout d’un sourire complice
Cette ville de fous dont je suis un peu le fils
Car on est jamais aussi aveugle qu’on peut l’être quand tout s’écroule
Et on est jamais aussi seul qu’on peut l’être dans une foule

Maîtres fous

Si tous les jeunes étaient unis
On pourrait parler d’avenir
Sans que certains vivent leur vie
Comme on pousse un dernier soupir
Car ce qu’ils appellent l’utopie
Est la promesse d’un monde meilleur
Une nouvelle histoire qui s’écrit
Loin de la haine et de la rancoeur

Toi, isolé dans ton coin, le regard nourrit de haine
Sors-toi de là et viens, tu verras ça en vaut la peine
Car le futur nous appartient, si solidaires on se tient debout
On peut forger notre destin comme des chefs marginaux
Comme des maîtres fous

La voie de l’unité
A trop souvent été bloquée
Trop de cris étouffés
Grand silence et rêves oubliés
Dans ce monde individualiste
A la conscience flétrie
Une compétition raciste
Fait que les hommes vivent en ennemi

Une seule voix, un seul cri
Une force qui nous lie
Ceux qu’ils traitaient de vauriens
Marcheront, un jour, main dans la main
Pour la fin de ce face à face
Où se mourait notre avenir
Il faut rassembler classes et races
C’est la seule façon d’réussir

Sentinelles

Surveillance éléctronique
Détection gouvernementale
Paranoïa, peur et panique
Espionnage secret illégal
Tu crois avoir une vie privée
Il est temps de te détromper
Car ton existence, ton vécu
Font foi d’information reçue

Entre sondages et statistiques
Relevés et dépositions
Sans que les choses se compliquent
On peut connaitre tes intentions
Et les diffusions dites « secrètes »
Ne le restent pas très longtemps
Ici tout se vend, tout s’achète
Surtout les bons renseignements

Les fautes sont comptabilisées
Les mensonges ont des détecteurs
Mais c’n’est pas ta réalité
Qui passe par radio-émetteur
Ah ce n’est pas la méfiance
Qu’ils cherchent à éveiller
Par naïveté et insouciance
Passe le contrôle dissimulé

Fiché, épié, classifié, détection et services privés
Ton intimité est étalée, transmise aux services de données
Fiché, épié, classifié, détection et services privés
Si tu n’veux pas vivre surveillé, ton voeu est sans cesse bafoué

Gouvernements, corporations
Suivent ta trace depuis la naissance
Accumulent l’information
Qui assure ton obéissance
Si tu rêves de sécurité
D’ordre civil par l’autorité
Saches que tu n’s’ras plus à l’abri
La justice se vend à gros prix

Coyote

Partout où tu vas tu es toujours seul
Comme si la marque des damnés collait à ta gueule
Tel un tatouage le symbole de dissidence
De ta classe criminelle, de tes cris de vengeance
Héritier mal-aimé de mariages illégaux
Le fils d’une putain de Nouveau-Mexico
De mensonges et de haine ta vie est un désert
Les mémoires que tu gardes te laissent un goût amer

Le goût de ton sang te coulant au visage
Les pierres que t’on jetées tous les gens des villages
N’ayant vu en toi qu’une plaie, qu’une vermine
Toi qui avait volé, poussé par la famine
Tenu responsable de tous leurs maux
Tu es le pestiféré entre tous
Et comme les hommes du Nord en veulent à ta peau
Tu fuis en solitaire où le vent te pousse

D’un coeur pur et juste ils ont fait une pierre
Tu es devenu le monstre qu’ils voyaient
La douleur d’la gangrène qui te ronge les chairs,
Tes rêves sont cauchemars à tout jamais
Tapi dans l’ombre d’un dernier refuge
Caché dans les décombres, la folie te gruge
Toi dont le futur reste une aventure
C’est peut-être un espoir vain que te réserves demain

Coyote quel est ton vrai nom, enfant d’une noire incantation
Celle d’un monde de corruption, de lâcheté, de diffamation

Enterré Vivant

Sorti d’un long sommeil
Maintenant tu te réveilles
Vois ce qui s’offre à toi
Les ombres et le trépas
L’arôme de ta chair
Putréfaction austère
La panique t’envahit
Alors que fuis ta vie

Car ils t’ont enterré vivant
Oh ils t’ont enterré vivant

T’as beau t’arracher les ongles
Sur les cloisons de ta tombe
Ah, tu peux bien t’égosiller
Y’a personne pour t’écouter
Pour tous t’es bel et bien mort
Ils ignorent ton triste sort
Ceux qui te pleurent maintenant
Ils t’ont enterré vivant

Comme une flamme trop forte

Ils te traitent de fou, car ils ne comprennent pas
Les femmes que tu aimes, les pays que tu vois
Les choses que t’imagines tout au creux de ta tête
Ils ne peuvent pas comprendre, oh ils sont bien trop bêtes

Tu ne cadres pas dans leur monde où les clones se confondent
Toi tu n’es pas de ceux qui mentent pour être heureux
Tu agis trop souvent, comme le ferait un enfant
Tu penses avec ton coeur, tu ris comme tu pleures

Tes idées, tes passions, tes convictions te consument
Ton imagination, elle t’embrase et t’allume

Un jour tu partiras, doucement tu t’éteindras
Comme une flamme trop forte, prématurément morte
Et tu diras adieu, à ces rêves délicieux
Qui t’ont accompagnés depuis le jour où tu es né

S’ils ne te laissent pas sortir, il ne te reste qu’à mourir
Mais tu seras heureux car tu auras vu mieux
Que ces cellules vides pour des têtes trop pleines
Où on case les humains que trop peu de gens comprennent

Sois cette flamme trop forte qui à tout jamais brûlera
Ce souffle de vie qui t’emporte reste celui qui nous marquera

L'auberge des trépassés

Peut-être connaissez-vous l’auberge chez Paré
C’est un bien bel endroit, quoi qu’un peu mal fâmé
J’y connais tout le monde car j’y vais toutes les nuits
Et d’une certaine manière, c’est là que je gagne ma vie
Ma chienne de vie…

L’ambiance y est malsaine, l’atmosphère enfumée
Assassins et tire-laines y sont tous rassemblés
Ce soir tu y es aussi, je t’ai tout de suite aperçu
Les 2 yeux dans le vide, l’air complètement perdu
Pigeon parfait…

Je t’observe de loin, tu as l’air d’être seul
La naïveté se lit sur ta belle petite gueule
Je m’approche de toi en t’offrant une bière
Surtout savoures-la bien, ce sera p’t’être la dernière
On ne sait jamais…

Vraiment jamais…

Alors toute la nuit, je m’efforce de te saoûler
Et à la fermeture quand tu ne peux plus marcher
Je te prend par le collet et je te traîne dehors
Tu ne te défends même plus, t’es vraiment ivre mort
Saoûl comme un porc…

Reste plus qu’à t’assomer sur le bord du pavé
Te fourrer dans un sac pour te dissimuler
Alors je me rendrai avec toi sur mon dos
Chez celui qui m’attend pour m’acheter mon fardeau
Pour quelques sous…

L’Église interdisant de disséquer les morts
C’est là que j’interviens lui procurant des corps
Le vieux me paie très bien pour n’pas poser de questions
Et moi de toute manière, j’me fous de la religion
De toute façon… De toute façon…

Il s’occupera de toi, tu seras bien traité
Tu ne souffriras pas avant d’être éventré
Il fouillera tes entrailles, ta belle anatomie
Au nom de la connaissance, tu donneras ta vie…
À la science…

Maintenant que vous connaissez l’auberge chez Paré
Cet agréable endroit qu’il vaut mieux éviter
Inutile de vous dire que si vous y allez
Surtout n’acceptez pas la bière d’un étranger…
On n’sait jamais…

Vraiment jamais!

Enfants de l'orage

Ce sont les jours de fureur
Où flotte l’odeur de l’orage
Qui efface toutes les erreurs
Et laissent éclater la rage

Fougue d’une jeunesse exaltée
Comme un souffle d’énergie
Et cette envie de crier
Lorsque s’abat la pluie

Sortir marcher dans les rues
Rêver de temps révolus
Souhaiter une belle tempête
Que le vent hurle à tue-tête

Maître d’une détresse profonde
Les nuages s’amoncelent
Comme ils recouvrent le monde
Qu’ils occupent le bas du ciel

Nous ne voulons pas pleurer, comme tant d’autres le font
Mais nous ne pouvons en rire, car ce serait pire qu’un affront
« Car seuls ceux qui ne connaissent rien de la mort
peuvent se permettre de rire d’un adieu »

Détruire un poids accablant
Est pour tous un renouveau
« Après la pluie, le beau temps »
Ce n’est pas tout à fait faux

Car l’orage est un noir totem
Qui ne lasse jamais ceux qui l’aime
Il vient toujours balayer
Toute cette triste médiocrité

Épouvantail

Si j’ai pu te prendre au sérieux
C’est que je n’te connaissais pas
Écouter tes discours haineux
Dès le départ ne me plaisait pas
Pris dans des élans réthoriques
Ton vrai visage m’est apparu
Frustré, stupide et fanatique
Pire que tout ce que j’aurais cru

Je sais que tu n’est qu’un bouffon
Qu’un autre imbécile qui veut se faire un nom
Tu prends le parti du plus fort si tu es mis en cause
Joues les martyres, hurles à mort quand toute l’affaire est close

Écoute-moi bien, opportuniste
Saches que je n’aime pas ceux de ton clan
Charognes, lâches et moralistes
Simplistes, bavards et malveillants
Comme me dégoûtent les hypocrites
J’évite de les cotoyer
Maintenant que la chose a été dite
Je te conseille de te tirer

Car je n’ai de place que pour les vrais amis
Ou à tout le moins, les gens simples et sincères
Aux amis d’apparats, je préfère les ennemis
Car des mondanités, je n’ai que faire

Toi tu ne restes qu’un homme de paille
Vulgaire et triste épouvantail
Qui espèrais-tu effrayer
Par ces menaces bon marché ?
La crainte d’un pantin comme toi
Ne peut que se manifester
Chez le misérable qui ne sais pas
Que les hommes de paille risquent de brûler

Restes seigneur d’un champ sans vie
Où se cultive la calomnie
Moi j’irai sûrement voir ailleurs
Mes compagnons des jours meilleurs
Restes seigneur d’une terre flétrie
Où seules poussent les infamies
Moi j’irai sûrement voir ailleurs
Mes camarades des premières heures

Car nous sommes ensemble pour le meilleur et le pire
Et même dans le malheur, on arrive à en rire
Je fais du mieux pour eux, et eux de même pour moi
Surtout ne t’étonnes pas, car ainsi l’amitié va

Les pions du silence

Les enjeux commerciaux
Dictent notre quotidien
Moutons sans idéaux,
On approuve leur maintient

Nous sommes les pions du silence
On n’dérange pas nos habitudes
Nous sommes les pions du silence
Pour questionner nos attitudes

Pour avoir une bonne conscience
On feint l’indignation
Devant toutes les souffrances
Qui troublent l’opinion

Nous sommes les pions du silence
Quelques scrupules, quelques remords
Nous sommes les pions du silence
Lorsqu’au Tier-Monde s’empilent les corps

Merveilleux engrenages
De showbizness et d’corruption
Politique à l’image
De notre civilisation
Une action ponctuelle,
Que beaucoup croiront suffisante
N’ayant pas le courage
De la dure voie militante

Mais d’un état à l’autre
Les lâches sont les mêmes
Comme des rats ils se vautrent
Dans les rouages du système

Nous sommes les pions du silence
Jouets de la démocratie
Nous sommes les pions du silence
Marionnettes de l’hypocrisie

Coupables de notre silence
Comme de notre inaction
La règle de l’ignorance
Forge maintenant notre raison

Nous sommes les pions du silence
Témoins de la division sociale
Nous sommes les pions du silence
Complices du nouvel ordre mondial

Le serment

Dès l’instant où je l’ai vue
Alors j’ai tout de suite su
Ces cheveux blonds, ces yeux qui brillent
C’était en plein ton genre de fille
Tu t’es levé, et tu lui a parlé
Le courant est tout de suite passé
Depuis qu’elle est entrée dans ta vie
Elle n’en est jamais ressortie

De toute façon fait ce que tu veux
Pourvu que tout aille pour le mieux
Mais n’oublie jamais tes amis
Parce que tu comptes pour eux aussi
Toutes ces années qu’on a passées
A s’engueuler, se réconcilier
Ca peut pas s’effacer comme ça
Fais un effort, n’nous oublies pas

T’es amoureux; profites-en
Crois-moi ça n’arrive pas souvent
Mais laisses pas l’âge t’en imposer
Et laisses pas la vie te casser
Même avec la fille de sa vie
Personne ne sait comment ça finit
Peut-être qu’un jour ça se terminera
Mais nous on sera toujours là

De toute façon fait c’que tu veux
L’important c’est qu’tu sois heureux
Mais n’oublies jamais tes amis
Ceux à qui tu avais promis
De ne jamais tourner le dos
De ne jamais garder rancune
Car une amitié qui se termine
N’en aura jamais été une

Au coeur de la tempête

D’aucune faction, d’aucune milice
Nous évoluons loin des idées qui trahissent
Sur un fond de couleur rouge et noir
Un crâne et des ossements comme seul étendard
Nous, seuls, face au public, rassemblés par la musique
Que les rythmes résonnent, que la distortion gronde
Que les notes tourbillonent, nous sommes seuls face au monde

Tatouée dans nos esprits, l’aventure de la vie
Qu’on veut sans compromis, et surtout sans sursis
De coeur et de tête, toujours l’esprit à la fête
Que rien ne nous arrête, nous irons jusqu’au coeur de la tempête

De Montréal à Paris, ça restera les mêmes nuits
À rire et à fêter, à boire et à se déchaîner
Mais frère, il ne faut pas ralentir ou t’arrêter, tu risques de vieillir
Vieillir du coeur, vieillir dans la peur, vivre ton malheur
Et te noyer dans tes pleurs

Si un jour nous partons, si nous disparaissons
Ce sera sans dire adieu et ce sera tant mieux
Car y’a pas de doute, on se reverra
On écumera d’autres routes quelque part dans l’au-delà
Plutôt mourir debout que de vivre à genoux
Surtout faudrait pas croire qu’l’idée est dérisoire
Pour nous ça se passe plutôt bien
La vie est un grand bal de vauriens

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